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Réseau Sourds et Santé : quand la médecine lilloise tend la bonne oreille

« Ici, le patient sourd a le libre choix du médecin, de l’institution… Notre service l’accompagne là où il souhaite aller… L’informe et le rassure. » Reportage à l’hôpital Saint-Philibert où le réseau Sourds et Santé fait des merveilles…

« Fin des années 80, la langue des signes française (LSF) était invisible… » C’est par le biais d’une amie qui travaillait dans une école en Belgique que le Dr Benoît Drion, coordinateur du réseau Sourds et Santé à l’hôpital Saint-Philibert, a eu la puce à l’oreille. Fasciné, il décidera non seulement de l’apprendre mais de l’utiliser à des fins professionnelles.

« Je suis médecin urgentiste de base. J’ai été confronté à plusieurs situations de complications graves du diabète. À chaque fois, je me suis rendu compte que la personne concernée était sourde alors que ces derniers ne représentent qu’1/1000e de la population… »

Qu’un médecin pratique la LSF ne pouvait passer inaperçu. « Très vite, des sourds lillois ont pris contact pour que je vienne travailler en France. » La direction de l’hôpital Saint-Philibert se montrera à l’écoute. Le réseau est lancé. « Le but poursuivi était de rendre accessible le parcours de soins… Ce qui pose problème, ce ne sont pas tant les maladies symptomatiques mais bien les chroniques sans symptômes évidents comme l’hypertension ou le diabète… Dans ces cas, il faut une adhésion du patient aux soins, ce qui passe par un échange et un dialogue… J’ai récupéré des malades qui ne comprenaient rien à leur état.  »

De plus en plus de demandes d’interprètes

Benoît Drion, qui multiplie les consultations, sait que les patients sourds ont souvent besoin d’être (ré) assurés, informés et suivis sans jugement. « Beaucoup ont, par exemple, de grosses difficultés de maîtrise de l’écrit non parce qu’ils sont déficients mais parce que le système éducatif n’est pas adapté. »

En passant par Sourds et Santé, ces derniers savent que l’approche sera bienveillante et adaptée. Ils n’hésitent plus à consulter : la file active annuelle dépasse les 900 personnes sourdes et « 3 024 patients (soit 75 % de l’ensemble des sourds du Nord et du Pas-de-Calais) depuis la création », s’enorgueillit le médecin. « Nous proposons à la fois des rendez-vous médicaux sur place ou à l’extérieur en recourant à des interprètes en LSF. »

1 377 demandes satisfaites en 2020

Deux signes encourageants ont marqué ces dernières années : « De plus en plus de personnes sourdes intègrent les métiers de la santé et les médecins font de plus en plus appel à des interprètes alors que cette demande émanait auparavant des patients. » Revers de la médaille, « en 2020 nous n’avons pu, à moyens constants, que satisfaire 1 377 demandes de ce type sur un total de 2 415 ». Pas de quoi freiner pour autant l’enthousiasme d’une équipe qui travaille déjà sur un projet inédit. « Rien n’était offert en psychiatrie. »


L’exemple d’une inclusion réussie et respectueuse

La prise de conscience d’un médecin consultant en langue des signes française (LSF) ; une convergence d’idées sur la qualité de soins à apporter aux personnes en situation de handicap ; une mise en commun de moyens efficaces et pragmatiques transcendée par une réelle volonté de réussir… Des consultations en médecine générale et en psychologie directement en LSF, en médecine spécialisée avec l’appui d’un interprète… Le réseau Sourds et Santé porté par le GHICL (Groupement des hôpitaux de l’Institut catholique dont Saint-Philibert et Saint-Vincent constituent des vaisseaux de proue) symbolise l’exemple d’une inclusion réussie et respectueuse . « Chaque patient consulte qui il veut et où il veut… », précise Émilie Bachary, responsable du service dont l’une des actions a permis la mise en place de ces consultations. « L’intervention de nos interprètes repose sur trois piliers déontologiques : fidélité au message, secret professionnel et neutralité. »

Une équipe mobile

Depuis, le « bouche à main » a parfaitement fonctionné. Et ce dans les deux sens au point d’avoir vu gonfler la file active des patients, quitte parfois à bousculer quelques préjugés. « De très rares médecins ne comprenaient pas la présence d’une tierce personne (l’interprète) lors des consultations… Certains ne savent toujours pas comment se comporter face à un patient handicapé (au sens large) », déplore Émilie Bachary dont l’enthousiasme demeure intact.

« Nous développons une équipe mobile de liaison surdité en santé mentale, en lien avec les établissements de la région, appelée « Psy sourds », avec l’appui d’un psychiatre formé, une psychologue sourde… » Sur les 16 membres de l’équipe, cinq (infirmiers, psychologue…) sont sourds. « L’apport des pairs est fondamental. Leur pratique de la langue des signes est beaucoup plus naturelle… »

Une équipe au top

L’équipe est constituée d’un médecin qui consulte directement en langue des signes française (LSF), de médiateurs (sourds) qui accueillent, informent, accompagnent et adaptent la communication à la culture et la langue des signes du patient ; des interprètes français-LSF pour les consultations de professionnels de santé qui ne pratiquent pas la LSF ; des travailleurs sociaux qui reçoivent directement en LSF ; des psychologues qui consultent directement en LSF ; une secrétaire bilingue français-LSF ; un expert linguistique, formateur en LSF et une coordinatrice des programmes d’éducation à la santé en LSF.

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