La course est organisée par l’association Apa e reo nui et par Courir en Polynésie. Elle est un moment fort pour la communauté sourde et malentendante en Polynésie. C’est un moment de grande visibilité. Mais ce n’est pas le seul événement de l’année. Apa e reo nui est née le 22 octobre 2011 suite à la fermeture du centre de l’ouïe et de la parole, l’ancienne école pour enfants et adolescents sourds et aveugles (CEDOP). Elle a eu pour but premier de rendre de nouveau « visibles » les sourds et malentendants, de leur permettre de se retrouver, de relayer l’information autrement que par les vecteurs ordinaires (médias audio – télévisuels, journaux…). Elle est aussi un relais entre les jeunes sourds et malentendants et leurs familles, majoritairement entendantes.
Présidée par Vaea Billy, elle organise des café-signes, en général le dernier samedi de chaque mois dans un lieu de passage comme par exemple dans les jardins de Paofai. Les participants sont répertoriés pendant ces journées et s’association s’attache à créer du lien entre Sourds et entendants et assure le partage d’informations. Elle met aussi à disposition des interfaces de communication : aucun interprète n’étant en poste Polynésie, seuls quelques volontaires bénévoles font office d’interface, dans la mesure du possible ils aident à la passation des informations courantes ou urgentes.
L’association s’est mise en veille courant 2014 pour 6 mois. Elle a repris ses activités début 2015. Après l’organisation de la course elle se concentrera sur un nouveau projet : celui de faire passer le permis de conduire à une vingtaine de sourd et malentendants. « Nous venons d’apprendre que Apa e reo nui avait été retenue par Tamari’i ha’uti. Les fonds récoltés lors de cet événement nous permettront d’aider les jeunes à passer le code et le conduite. »
Le 26 septembre n’est pas une date prise au hasard. C’est la journée mondiale des sourds et de la surdité. La fédération mondiale des sourds encourage, tous les derniers samedis du mois de septembre, les associations nationales membres (soit 123 pays) à organiser leur propre journée. Cette mobilisation s’inscrit en France dans l’Histoire des sourds et de la surdité. Histoire qui commence dès le XVIIIe siècle avec l’abbé Charles-Michel de l’Épée (1712-1789). Avocat au Parlement de Paris, l’homme, dévoué, mis au point une langue des signes (sans connaître la langue des signes que pratiquait déjà la communauté des sourds parisiens) en observant des sourds. Il transmit cette langue en créant une école publique et gratuite, accessible à toutes les classes sociales. L’abbé de l’Epée soutenait l’importance des gestes pour l’essor de l’intelligence et l’existence d’une mémoire visuelle suppléant la mémoire auditive. Son action prouva l’éducabilité des sourds dans différents domaines, car ses traités pédagogiques, publiés anonymement en 1776 et 17843, abordaient déjà la lecture sur les lèvres et l’apprentissage de l’articulation chez le petit enfant sourd. Il mettait en garde contre les préjugés tenaces qui assuraient l’indigence des signes gestuels, et la supériorité de la parole comme unique moyen d’enseignement des sourds. L’abbé de l’Epée proposait une méthode ouverte, il invitait tout instituteur à perfectionner la voie qu’il ouvrit. Il forma de nombreux maîtres qui portèrent sa méthode en Espagne, en Autriche, en Italie, en Hollande… Sa langue universelle se constituait de signes naturels assujettis à des signes de son invention, à savoir, les signes méthodiques traduisant les désinences et les flexions verbales, les catégories du discours, les conjonctions… Elle fut pratiquée dans de nombreux pays jusqu’en 1830.