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Myroslav Slaboshpytskiy : « Oui, la séquence de l’extincteur d’Irréversible m’a beaucoup influencé pour la fin de The Tribe »

The Tribe fut le choc du festival de Cannes, un film muet ultra violent qui oblige à se poser pas mal de questions sur le cinéma. On les a adressées directement au réalisateur.

Quand un Français fait du cinéma muet ça donne The Artist. Quand c’est un Ukrainien ça donne The Tribe. Tu m’expliques ?
The Artist est un film incroyable, mais c’est un hommage au cinéma muet. Disons que sur The Tribe, on a pris un autre chemin…

Et que réponds-tu à ceux qui disent que l’absence de réplique de The Tribe est un gadget ?
Ca n’a aucun sens ! D’abord ce n’est pas un film « sans dialogue » : j’ai choisi de le tourner en langage des signes ukrainien. Les répliques ont été écrites puis traduites. Raison pour laquelle je ne veux pas de sous-titres. Maintenant, que veux-tu que je réponde à ceux qui disent que c’est de la frime ? J’ai conçu l’histoire comme ça et ça fait plus de 20 ans que je pense à ce film. En face de mon lycée il y avait un institut pour sourds-muets et quand je les regardais communiquer j’avais l’impression que c’était de l’émotion pure. Deafness(son premier court-métrage NDLR) était un essai pour voir comment raconter ce genre d’histoire, comment ça pouvait fonctionner avec le langage cinéma.

Justement, l’aspect monumental de The Tribe a un côté fracassant et en même temps hyper théorique.
C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire. Pour moi, le style est toujours lié à l’intrigue et vice versa. L’absence de réplique accompagne la suite de plans-séquences et quand on a commencé à travailler sur le montage, on s’est aperçu qu’il fallait revoir toute la grammaire du cinéma telle qu’on la pratiquait. Tout remettre à plat. Je n’avais plus le droit de faire des plans d’écoute par exemple, ça n’aurait eu aucun sens. C’est le genre de truc qui bouleverse totalement la manière de filmer…

Parlons des influences. The Tribe fait penser à de grands cinéastes comme Haneke et Bruno Dumont. Ca te parle ?
C’est marrant parce que j’ai un ami qui, sur son site, a fait son top cannois. The Tribeest à la seconde place, juste derrière P’tit Quinquin ! Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais c’est flatteur. Je connais le travail de Dumont, j’ai vu ses films mais… je ne sais pas trop. Je l’ai rencontré Dumont, je sais qu’il a vu le film, mais je ne sais même pas ce qu’il en a pensé. Haneke c’est pour la façon de filmer la violence j’imagine ? Peut-être… J’ai beaucoup de mal à faire des rapprochements entre mon film et ceux des autres. On m’a parlé du cinéma roumain, à cause de la scène de l’avortement qu’on rapproche de celle de 4 mois, 3 semaines, 2 jours. La nouvelle vague roumaine m’a beaucoup influencé au moment de mon court métrageDiagnosis, mais pour The Tribe, c’est moins conscient. Par contre, il y a une comparaison que je comprends moins, c’est celle avec Bela Tarr – c’est une dynamique complètement différente.

Et Gaspar Noé ?
Plus que Bela Tarr pour le coup ! Irréversible est un film essentiel pour moi ; je me souviens de la projection et de l’effet qu’il a eu sur moi. C’était incroyable. Et je réponds à la question que tu va maintenant me poser : oui, la séquence de l’extincteur dans Irréversible m’a beaucoup influencé pour la fin de The Tribe… même si je pense avoir fait preuve de plus de délicatesse (rires).

J’imagine que la direction d’acteur fut compliquée
Pas tant que ça en fait. C’était comme diriger des acteurs non professionnels. Il fallait juste passer par un « traducteur », un assistant qui faisait le lien entre langage parlé et langue des signes. Il s’assurait surtout que les comédiens suivent à la lettre le scénario écrit. C’était mon obsession principal : je pense que tu ne peux pas faire du cinéma radical en étant dans l’improvisation.

C’est cette absence de compromission qui a fait de The Tribe le « choc » du festival de Cannes. Pas trop dur d’être réduit à un truc sensationnaliste ?
Sur place, j’ai regardé le top 10 des scandales de la Croisette. Cette année c’était moi ; avant il y avait eu Antichrist, Irréversible… C’est là que j’ai réalisé qu’aucun des films « scandaleux » n’avaient eu de prix, et du coup j’étais un peu inquiet. Mais le jury avait visiblement des couilles.

Et ton prochain projet ? Ce sera sur des vieillards aveugles qui font du trafic d’organe ?
Super idée, je note ! Je prépare un film sur la vie d’aujourd’hui à Tchernobyl. Plus jeune j’ai travaillé là-bas, je connais l’endroit par cœur et c’était une expérience qui m’a marqué.

Source : http://www.premiere.fr © 1 Octobre 2014

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