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Ils vivent à deux mètres du périphérique de Caen

Quand le conducteur franchit le pont de Calix, en direction de Paris, il passe devant l’immeuble du n° 1 de l’avenue Victor-Hugo, à Mondeville.

Leur immeuble de huit étages donne sur le viaduc de Calix où passent 80 000 automobilistes tous les jours. Mais les habitants ne font plus attention au bruit.

Reportage
« Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les appartements en bord de périphérique se vendent très bien. Ils ne sont pas chers. Le dernier, un F3, je l’ai vendu en un mois. »Geoffrey Binet, le patron de l’agence immobilière Clic House, a d’ailleurs accroché une pancarte « Vendu », sur le balcon de cet appartement. Difficile de la louper. L’annonce se trouve au 4e des huit étages d’un immeuble situé à deux mètres du périphérique de Caen, juste après le pont de Calix, où passent quotidiennement en direction de Paris, plus de 80 000 voitures.

Le bruit des pots d’échappement n’a pas dissuadé un récent acheteur. « Un taxi parisien. Quand je lui ai donné le prix, à savoir 66 000 € pour un 60 m2, il m’a demandé où était le « hic ». Je lui ai montré le périphérique mais il m’a répondu qu’à Paris, c’était le quotidien… »

Il aura fallu seulement six visites avant de conclure la vente. Les prix des appartements du 1, avenue Victor Hugo à Mondeville, n’ont rien à voir avec ceux des Rives de l’Orne, le nouveau quartier de Caen, où le mètre carré atteint les 4 500 €. « Ici, on part sur 1 038 € le m2 avec une cave et une place de parking. L’immeuble possède un ascenseur, les commerces et les transports en commun sont à côté », explique Geoffrey Binet qui, depuis 2006, a déjà vendu quatre appartements dans cet immeuble.

Quatre familles de sourds

Construit dans les années 60, avant l’arrivée du périphérique, l’immeuble voit peu à peu ses premiers habitants s’en aller. Maison de retraite, décès. Les prix attractifs intéressent désormais les jeunes adultes, souvent seuls, et les… malentendants. « Quatre familles de sourds vivent dans l’immeuble. Ils achètent un appartement pas cher et n’ont évidemment pas le désavantage du bruit… »

Franck Bellery n’est pas malentendant mais le bruit ne le gêne pas non plus. Il y a un an, le jeune magasinier a acheté un F3, au 3e étage.« J’ai fait changer les huisseries, j’ai installé le double vitrage. Je ne fais plus attention au trafic. Je pense qu’au niveau des nuisances sonores, ce n’est pas très différent du centre-ville de Caen. »

Calme la nuit, désert les dimanches et jours fériés, le périphérique s’agite quotidiennement entre 17 h et 19 h, à la sortie des bureaux. « Et à 8 h 30, le viaduc est saturé », confie Nadeige, locataire au 6e étage. La jeune femme, qui vit avec ses trois enfants dans un F4 à 620 € par mois, y a déjà « vu cinq ou six carambolages. On est aux premières loges en cas d’accident. L’inconvénient, c’est l’été quand il fait chaud, on hésite à ouvrir les fenêtres »

Mais les habitants de l’immeuble n’ont pas les désagréments de la maison de maître située juste sous le pont de Calix. Les propriétaires y ramassent régulièrement dans leur jardin des bouteilles jetées par les chauffeurs routiers qui traverse le pont. Des bouteilles remplies parfois… d’urine.

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