Neuville-de-Poitou. Malgré leurs dénégations, deux Poitevins ont été condamnés hier pour avoir braqué et sequestré un trafiquant d’héroïne et sa compagne.
L’affaire jugée hier en correctionnelle ne s’est pas passée à Chicago mais à Neuville-du-Poitou. Un trafiquant d’héroïne y a été battu, menacé de mort et séquestré avec sa jeune compagne puis relâché en pleine nature délesté de plus de 10.000 €
Le 13 avril au soir, Maxence Proust, qui ne se sait pas l’objet d’une enquête de la gendarmerie, regagne son domicile de la rue Sergent-Bangoura-Moride. Dans le hall de l’immeuble l’attendent deux hommes gantés, encagoulés et armés de revolvers.
Le trio gagne l’appartement où se trouve la très jeune compagne de Maxence Proust. Celle-ci se retrouve avec un canon sur la gorge. Très vite, les agresseurs disent ce qu’ils sont venus chercher : de l’argent. Une fouille rapide de l’appartement ne donne rien. On en vient aux coups sur Maxence ; l’un des deux hommes brandit un marteau et annonce qu’il va lui fracasser le genou. Maxence Proust prend peur, appelle sa mère, qui rapplique en rapportant le nounours du petit frère. A l’intérieur : 11.500 € en liquide.
Une mystérieuse carte de l’académie des sourds
Les agresseurs repartent au volant de la puissante voiture de Maxence Proust, lequel est libéré un peu plus tard. La voiture sera retrouvée par les gendarmes, en panne, dans un champ de Migné-Auxances.
Le lendemain, Maxence Proust va porter plainte chez les gendarmes, à qui il raconte une histoire à sa façon. Interpellé quelques jours plus tard dans le cadre de l’affaire de stups, le trafiquant finit par se mettre à table : l’argent volé était destiné à l’achat d’héroïne à Rotterdam. S’il n’a pas reconnu ses agresseurs, une rumeur dans le milieu poitevin désigne Rachid Mouafiq, 29 ans, et Yassine Ennaciri, 21 ans, comme les auteurs de cette expédition. Mouafiq connaît d’ailleurs très bien l’une des personnes à qui Proust a parlé de son prochain voyage aux Pays-Bas…
Or les gendarmes disposent d’un bien curieux indice. Dans la voiture abandonnée, ils ont retrouvé une carte à l’en-tête de l’Académie de la langue des signes portant un numéro de téléphone au nom de « Mich ». Or le père d’une ancienne petite amie de Mouafiq est sourd-muet. Interrogé, il affirme que la carte lui appartenait et que l’écriture est celle de Mouafiq. Quant au numéro mystérieux, il correspond à un téléphone d’Ennaciri, alias « Mitch ».
Mais aucun des deux hommes bientôt interpellés ne reconnaît sa responsabilité. Mouafiq a refusé un test d’écriture (pour pouvoir comparer avec celle de la carte) lors de sa garde à vue et les gendarmes n’ont pas insisté. Les avocats des deux prévenus, Mes Nathalie Manceau et Thierry Zoro ont beau jeu d’expliquer qu’il n’existe pas de preuve formelle contre leurs clients que les victimes n’ont pu identifier.
Le tribunal les déclare pourtant coupables et les condamne, Ennaciri à six mois de prison et Mouafiq à huit mois.