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Wallès, reporter du silence

Wallès Kotra

Wallès Kotra est un sourd d’exception. Ce jeune Calédonien a acquis un niveau de langue des signes qui lui permettra d’atteindre son rêve, devenir journaliste.

Wallès est né il y a 27 ans à Nouméa, dans une famille où la culture kanak compte vraiment. Quand on lui parle de la Nouvelle-Calédonie, le jeune homme confesse volontiers qu’il est un  » mauvais touriste « . Mais il maîtrise parfaitement les codes et des usages de sa terre d’origine. Il explique :  » J’ai une triple culture : calédonienne, française et sourde « . En évoquant la culture sourde, ses doigts sourient car il sait que cela étonne les entendants.

Interview de Raffarin
Le jeune Kanak ne compte pas rester dans l’univers du handicap. Il rêve de conquérir le monde valide. En fait, il voudrait mettre tout le monde à la langue des signes ! Mais avant cela, il sait qu’il faut déjà permettre à tous les malentendants de profiter comme lui d’une éducation en milieu spécialisé pour en finir avec les chiffres honteux de l’analphabétisme des sourds en France. Une mission dont se chargera peut-être son petit frère, sourd également, qui pourrait bien exercer en Nouvelle-Calédonie lorsque cette collectivité se dotera enfin d’une école spécialisée. Mais l’aîné des frères Kotra veut suivre la voie de son père, journaliste, dont il porte le prénom. Il se bat pour devenir journaliste reporter d’image (JRI). En stage à I-Télé pendant la campagne présidentielle, il a interviewé Jean-Pierre Raffarin : « Le JRI m’a donné le micro et m’a dit que je devais juste l’attraper. C’est lui qui a posé les questions, pendant que je surveillais la lumière qui indique la qualité du niveau sonore. Ca s’est très bien passé. Je crois que l’ancien Premier ministre ne s’est rendu compte de rien ! »

Site Internet bilingue
A sept ans, lorsqu’il intègre une école spécialisée en métropole, Wallès vit cloîtré dans le monde du silence. L’apprentissage de la langue des signes est une libération qui décuple ses forces et son ambition. Il apprend vite et bien, et réalise un parcours éducatif sans faute. Adolescent, il cherche à sortir de l’environnement spécialisé et rassurant dont il bénéficie. Brevet des collèges en poche, il rejoint un lycée technique à Paris qui intègre des malentendants. Il y passe un BEP, puis un bac professionnel en PAO (publication assistée par ordinateur).
Mais le métier de maquettiste ne nourrit pas son insatiable curiosité. Il sait alors ce qu’il veut : être le premier journaliste sourd. En se renseignant, et grâce à l’entremise de l’important réseau qui unit les familles de sourds et de malentendants, il découvre qu’il en existe déjà un, ou plutôt une, Marylène Charrière, journaliste et éditorialiste du site internet bilingue websourd.org. Ils se rencontrent et organisent sa formation en alternance en partenariat avec l’ESJ PRO de Montpellier.

80% de sourds analphabètes
Benoît Califano qui dirige cette école reconnue par l’Etat est très soucieux des questions de diversité, et il est vite convaincu par la motivation de Wallès. Il intègre donc le jeune garçon ainsi que Camille, sourde également, à une formation de deux ans. L’expérience le motive, mais il va déchanter en découvrant ce que signifie vraiment la surdité. S’il est facile de comprendre qu’un sourd de naissance est également muet, il ignorait que 80% des sourds en France étaient analphabètes et ne peuvent ni lire ni écrire. Ce n’est pas le cas de Wallès, qui lit et écrit le Français, mais son écriture est l’expression d’une traduction, car sa langue principale reste la langue des signes.« C’est comme s’il travaillait dans une langue étrangère », résume le directeur, qui précise que son élève suit une filière de presse écrite web de haut niveau, où la qualité d’écriture est importante. Benoît Califano est toutefois satisfait de l’intégration de Wallès et Camille, au sein du groupe : « Ils se sont fait des amis. Certains esquissent même quelques mots en langue des signes « . Surtout, il est confiant dans l’avenir de Wallès :  » Je ne pense pas qu’il se laissera arrêter « .

Le journaliste sourd qu’on attend
Son employeur, Marylène Charrière ne le pense pas non plus : « Cela faisait cinq ans que je cherchais quelqu’un avec les compétences journalistiques et un bon niveau en langue des signes. Wallès est une exception « . Pour rendre compte d’un événement ou d’une situation complexe, il faut une parfaite maîtrise des deux langues qui ne s’obtient qu’au prix d’efforts acharnés. L’éditorialiste de websourd.org en sait quelque chose, car elle a appris le français et l’anglais grâce à la langue des signes. Les échanges avec les non-signants ne peuvent se faire qu’à l’écrit ou par l’intermédiaire d’un interprète. Les nouvelles technologies permettent désormais d’utiliser le téléphone grâce à un service d’interprétariat à distance, via le web. Bien qu’elle apprécie de travailler avec Wallès, elle compte aussi sur lui pour représenter les sourds au niveau national et en particuliers auprès des non-signants auxquels il aime tant se confronter : « On espère qu’il sera le journaliste sourd que nous attendons tous « .

Source : http://www.la1ere.fr © 11 Mai 2012 à Toulouse

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