Orientation professionnelle des sourds: les métiers accessibles
Les parents s’interrogent souvent avec inquiétude: quel avenir professionnel sera possible pour leur enfant sourd? Quelle orientation adaptée leur proposer?
Voici quelques informations susceptibles de les aider dans leur réflexion.
Les habitudes passées
Traditionnellement, les jeunes sourds ont été majoritairement scolarisés dans des établissements spécialisés qui prévoyaient pour eux des formations professionnelles jugées adaptées à leur handicap de communication.
Très logiquement, il s’agissait de métiers manuels ou techniques ne nécessitant que peu ou pas d’échanges verbaux: horticulture, menuiserie, couture ou cordonnerie par exemple à Nantes (Etablissement de La Persagotière), dans les années 50/60.
Les progrès éducatifs ouvraient peu à peu à d’autres voies comme la comptabilité, la prothésie dentaire, l’imprimerie.
Si l’accès à certaines professions était (et demeure) impossible pour des raisons de sécurité (policier, pompier, pilote de ligne par exemple), la tendance générale reflétait un manque d’ambition dans la diversité. Les jeunes sourds qui pouvaient prétendre à des études longues étaient minoritaires. Les parents étaient donc invités à accepter les limitations liées au handicap comme une fatalité insurmontable.
Quand la surdité crée le métier
Le handicap auditif devient parfois une différence positive. Il peut apporter des compétences et des savoirs spécifiques: connaissance et compréhension de la surdité, capacité de communiquer avec les sourds selon des modes particuliers, connaissance d’une langue « originale » (soit la LSF).
C’est ainsi que les talents artistiques de certains autorisent des réussites, parfois exceptionnelles, dans l’univers du spectacle (théâtre, cinéma, mime…); ou que d’autres se destinent à des métiers d’éducation auprès des enfants sourds (professeurs, éducateurs, animateurs)
Imagination et esprit d’entreprise conduisent quelques uns à la vie associative et la création de services destinés à leurs pairs sourds. Ils y défendent leurs droits et mettent en œuvre les réponses à leurs besoins, parfois avec des associés bien entendants.
Diversité actuelle
Les personnes sourdes représentent un groupe très hétérogène: surdités différentes (acquises ou de naissance) de niveau plus ou moins important, modes de communication différents (langue française, Langue française Parlée Complétée, Langue des Signes Française, bilinguisme).
Mais ce sont surtout des individus dotés de compétences, savoirs, savoir-faire et désirs aussi variés que ceux dont disposent les personnes bien entendantes.
Les évolutions éducatives et sociétales permettent de plus en plus la possibilité de poursuite d’études supérieures.
Les professions autrefois jugées inaccessibles deviennent moins impossibles. Le listing des métiers réellement investis par les sourds comporte parfois même des choix considérés à priori comme improbables: ingénieur, journaliste, assistant parlementaire, responsable d’agence de communication, chercheur au CNRS, juriste…
De multiples domaines sont ainsi investis: secteur médical et paramédical (kinésithérapeute, aide soignant par exemple), économie et gestion, graphisme (création et infographie), audiovisuel, informatique, politique, restauration, sport, métiers du bâtiment ou de l’industrie…
Une diversité qui n’est pas réservée à ceux qui seraient les moins sourds ou à ceux dotés d’une meilleure parole, mais peut-être sans doute à ceux qui auront pu acquérir une langue de base suffisamment élaborée (parlée ou signée, puis dans tous les cas, écrite).
Contournement des obstacles à l’accessibilité professionnelle
Le manque d’aisance dans l’échange verbal, plus ou moins important selon les personnes, peut bien sûr fermer quelques portes: métiers de la vente ou nécessitant l’accueil du public seront logiquement plus difficiles, voire impossibles. Il existe cependant des coiffeurs sourds.
« La tentation est grande de répondre que tous les métiers sont accessibles puisqu’il y a des sourds ou malentendants dans toutes les professions ! Mais, bien sûr, nous connaissons tous des métiers inaccessibles aux sourds! Par exemple : pilote d’avion de ligne… Toutefois, si vous avez la passion de l’aéronautique, donc pour un métier impraticable, vous trouverez des centaines d’autres métiers dans la même branche (conception, dessin, gestion…). Par ailleurs, pour un même métier il y a des pratiques différentes. Un pharmacien sourd pourra difficilement servir des clients dans une pharmacie mais il pourra très bien s’intégrer dans un laboratoire de recherche » (Marc Renard, personne sourde, forum Emploi Formation, Bruxelles, mai 1999).
Vers la liberté des choix professionnels
Les possibilités technologiques actuelles – pourvu que notre société se donne les moyens de les utiliser autant que de besoin – ne peuvent que favoriser la liberté des choix :
- communication par mail ou SMS;
- développement attendu des centres relais téléphoniques, déjà opérationnels dans certaines enreprises (vidéo de présentation);
- transmission écrite lors des réunions de travail, via la vélotypie par exemple.
Certes, la compensation relative de la perte auditive par l’utilisation d’une prothèse ou d’un implant cochléaire facilite et optimise cet essor. Mais elle n’en sera sans doute ni la condition indispensable, ni surtout la condition suffisante.
Les enjeux éducatifs
La liberté du choix professionnel pour les jeunes sourds ne sera effective que sur la base de modes d’éducation adaptés et pertinents. Etudes, formations et apprentissages supposent toujours la bonne maîtrise d’une langue orale première (parlée ou signée) puis de la langue écrite.
L’autonomie professionnelle des sourds suppose également une accessibilité totale de l’ensemble des formations proposées. Mais interprétariat en LSF ou codage LPC sont encore insuffisamment disponibles.
L’objectif éducatif serait peut-être de tendre vers une limitation des portes fermées. Les jeunes devraient de moins en moins être confrontés à l’idée qu’une majorité de métiers sont rendus impossibles du fait de leur surdité. Les conseillers d’orientation devraient de moins en moins avoir à donner des pistes uniquement légitimées par la présence d’une perte auditive. Le nouveau message devrait se limiter, en certains cas, à une estimation réaliste mais optimiste: « Ce sera plus difficile parce que tu es sourd ».
Et celui qui souhaitera devenir jardinier ne le sera plus par défaut mais par choix personnel. L’enjeu devient de permettre aux jeunes d’accéder à une profession que peut-être ils auraient pu choisir s’ils n’avaient pas été sourds.
Source : http://www.suite101.fr © 27 Juillet 2011 à France
Merci pour ces informations. Et pour l’existence de votre site.
Elodie
Maman d’une adolescente sourde
Merci pour ces informations..cela montre que vous faites des recherches utilespermettant de mieux comprendre la situation et trouver si possible de pistes de solutions dans une société souvent très stricte et un peu impitoyable envers des déficients auditifs ou tout autre handicap.
Puisse les décideurs en tenir compte et surtout exigée que des entreprises aplliquent les règles établies
Bonjour,
Merci pour k les informations. Je suis malentendante sévère, j’ai 52 ans. Je suis diplômée en comptabilité, secrétariat et j’ai de l’expérience. Je suis à la recherche d’un emploi assistante comptable. Je suis une personne handicapée. Cap emploi m’a proposé des formations : jardinier ou femme de ménage, c’est descriminatoire !
Il me manque de respect, « il se foute de ma gueule ». J’en conclus que les handicapés doivent être guider dans ces métiers pour leur faciliter le travail à CAP emploi. Pouvez-vous me renseigner sur ces disfonctionnements ?
Cordialement.
Sylvie
Bonjour,
Sylvie je suis exactement dans le même cas, je suis diplômée d’un bac+2 gestionnaire de paie mention très bien, et je suis en recherche active d’emploi mais aucune aide de la part de cap emploi, j’ai bien des recruteurs qui me contactent, mais je ne m’en sors pas toujours au téléphone ( mal entendre, faire répéter la personne … etc), j’ai besoin d’un appui au recrutement mais malheureusement cap emploi fait rien à part me proposer des offres non appropriées à mon profil comme travail à MC do, caissière à la fnac en contrat pro…etc, c’est injuste, courage à la population sourde et malentendante.
Nour
bonjour Sylvie, je viens juste de découvrir votre message et ce dernier me parle. je suis également malentendante et en reconversion à 56 ans. pourrions nous échanger ?
J’ai vu un documentaire télévisé sur une femme sourde chauffeuse de poids lourds alors … Rien n’est impossible !
Ma fille est sourde de naissance ( pas opérable) elle a 3 ans et je m’inquiète bien sur. Je garde l espoir en me disant que tout ces métiers online lui seront accessibles. Merci pour cet article.
@ Emmanuelle : Rassurez vous, on peut être malentendant et devenir ingénieur. Moi aussi j’étais malentendante à l’age de 3 ans. Ma mère m’a appareillée et mise à l’école (celle de notre ville, pas une école spécialisée). J’ai suivi un parcours comme mes voisins et voisines, en étant plus combattante je pense. Votre fille a toute sa tête et elle va faire sa propre place. Faites lui confiance et donnez lui la possibilité de faire le métier en lien avec ses talents, pas un métier qu’on vous aura conseillé pour elle…
Merci pour ses informations. Je suis devenue malentendante il y a 3 ans.je dois faire une reconversion, cap emploi ne me propose rien ,a croire que le fait que l on entende pas notre cerveau aussi est en mode off. Ce sont deux choses distinctes
Bonjour a tous pour moi le gros probleme c est que j ai recuperé de »laudition avec des aides techniques je connais bien mon métier miroitier cela fait 35 ANS QUE je travail certain collègues de travail me prennent pour incapable s il y a une connerie ils vont vous la mettre sur le dos vous passer votre temps a vous battre jusqu au jour ou on va perdre pied.passer 50 ANS CEST DURE;
merci pour information, j’ai un enfant sourd et je cherche comment l’orienter pour la vie.
Merci beaucoup pour ces orientations et ces conseils