Ils s’appellent Julien, Samuel, Sandy … Enfants, adolescents ou jeunes adultes, tous sourds profonds, ils racontent d’un phrasé délié, avec des mots mal assurés ou dans une histoire sans parole leur quotidien dans un film réalisé pour l’anniversaire de l’Arieda. Relations familiales, scolarité, handicap… ils parlent sans concession. « Mes parents étaient contents d’avoir un bébé… le médecin leur dit que je suis sourde. Ils ont pleuré », raconte Laurie. Julien n’a « aucun souvenir » de la période qui a précédé la pose d’implants. Si ce n’est ce qu’on lui a raconté : « J’étais énervé, je cassais tout… » Il se sent encore obligé de « prouver que je suis comme les autres ». Leur scolarité n’est pas simple : « C’est très difficile pour moi parce que
je ne parle pas très bien avec la voix. On est différent, les autres parlent trop vite. Je ne comprends rien », relate Clothilde. « Les profs ne comprennent pas que la surdité, ce n’est pas qu’entendre, c’est aussi comprendre », confie une autre. « Etre sourd, c’est être enfermé dans un mur », ajoute Yvan qui se sent « bloqué par la normalité ».
Sont-ils heureux ? « Je ne sais pas qui je serais si j’étais entendante. Je n’aimerais pas parce que plein de choses se sont construites grâce à la surdité », explique une jeune femme qui a longtemps cherché son équilibre, avec et parfois à côté des entendants. « J’ai ma petite solitude à moi. » Samuel est très volubile… en langue des signes : « Il y a beaucoup d’entendants qui croient qu’être sourd, c’est être débile. J’ai un travail, des amis… On peut être heureux en étant sourd ».
Source : http://www.midilibre.com © 15 Octobre 2010 à Montpellier