Les malentendants et encore plus les sourds profonds souffrent quand on veut leur imposer l’apprentissage par l’oralisation. Explications.
Vous êtes choquée quand on dit que vous êtes à la fois sourde et muette, pourquoi ?
« Oui je suis même très en colère parce que ce qu’il faut comprendre c’est qu’un sourd n’est jamais muet. Imaginez simplement essayer de reproduire un son quand on a jamais entendu de sa vie. C’est déjà différent pour ceux qui sont devenus sourds, plus tard, mais qui ont intégré la parole durant leur enfance. Et puis il y a les malentendants »
Alors si je comprends bien, ce qu’il faut retenir, c’est la difficulté pour le sourd profond d’imaginer tout simplement la parole, c’est ce que vous voulez nous dire ?
« Cela va beaucoup plus loin. Notre langue naturelle c’est la langue des signes. Durant des siècles celle-ci nous a été interdite. A l’école nous signions en cachette. C’est depuis le ministère de Laurent Fabius seulement que nous avons obtenu la possibilité à l’école de choisir entre l’apprentissage par l’oralisation ou par les signes. L’école la plus proche pour nous est à Poitiers. On y apprend deux langues : notre langue naturelle et non pas maternelle, celle des signes et puis en seconde langue : le français ».
Et pourquoi semblez-vous préférer la langue des signes plutôt que l’oralisation ?
« Pour comprendre, essayez d’imaginer si on vous demandait d’apprendre l’anglais en lisant sur les lèvres. C’est très dur d’apprendre le français par oralisation. Cette langue, un sourd ou un malentendant ne peut pas l’apprendre chez lui. Ses parents sont entendants. Quand on l’oblige à oraliser on lui impose des contraintes qui n’ont rien de naturel et qui l’accablent. Ce n’est ni sa culture ni sa pensée. L’idéal c’est même de pouvoir apprendre dans la langue des signes avec un sourd ou un malentendant ».
Vous êtes également animatrice dans une association qui s’appelle Ensemble signons ?
« La langue des signes aujourd’hui est une langue officielle et reconnue. C’est cela l’important. Dans cette association qui est différente de l’association des sourds des Deux-Sèvres nous nous retrouvons chaque dernier vendredi du mois au Gorillas à Bressuire pour favoriser les échanges entre sourds et entendants. Vous pouvez y apprendre quelques signes ».
Source : http://www.lanouvellerepublique.fr © 12 Novembre 2010 à Bressuire
Bravo à Sandrine de dire pas ( muet )
les sourds sont normals à vivre comme tout le monde !!!!!
et quelle jolie langue que celle qui fait danser les mots sur les mains!!!!!!!!