Réponse du Collectif des Sourds du Finistère (CDSF) à l’article de Laurence Guilmo, paru le lundi 2 mars 2009 dans Ouest-France.
paru le lundi 2 mars 2009 dans Ouest-France.
Les dirigeants de l’AFDA « protestent » : Mais pourquoi ? Les parents qui ont manifesté à Brest mercredi demandent seulement que le choix éducatif qui leur est désormais autorisé par
la loi du 11 février 2005 pour leurs enfants sourds soit enfin respecté.
Pourquoi cette opposition à l’application de la loi dans le département ? Toutes les familles du département doivent-elles accepter de se voir imposer une éducation oraliste pour leurs enfants sourds ? N’ont-elles pas le droit d’estimer qu’ils n’ont pas à être soignés pour des troubles du langage, mais qu’ils ont simplement besoin d’une pédagogie adaptée dans la langue qui leur est naturellement accessible, la langue des signes ?
• « L’enjeu pour les sourds : maîtriser le français. » : Oui, TOUS les sourds le veulent, mais quel français ?
– Oral ou écrit ?
– Quel accès au français oral quand on ne l’entend pas et qu’on ne le comprend donc pas, ou si difficilement ?
– Le français écrit n’est-il pas visuel ? s’agit-il de la simple transcription phonétique du français oral ?
– Le choix des mots, leur sens, leur place dans la phrase, relèvent-ils de l’apprentissage phonologique ? comment expliquer les règles et le sens de l’écrit sans une langue qui permet de le faire de manière approfondie ?
• Nous lisons une intervention fondée sur les chiffres, quand on sait combien les chiffres peuvent mentir comme évoluer… Nous souhaitons apporter quelques petites rectifications et précisions à propos de ces chiffres :
– « Une quarantaine de membres du collectif des sourds du Finistère ont manifesté… » : « Une soixantaine » selon Le Télégramme de Brest (article du 26-02-2009), chiffre plus proche de la réalité. Notons aussi que, si le collectif des sourds du Finistère a bien lancé l’appel à manifester, ce sont des parents et leurs enfants qui se sont rassemblés.
– « 83 enfants scolarisés dans le département » : Aucune famille d’enfant sourd ne bénéficie, à ce jour, dans le Finistère, de l’information qui lui permettrait d’exercer le choix éducatif autorisé par la loi. Qui peut dire qu’aucun de ces 83 enfants n’est intéressé par une scolarisation bilingue ? 85 élèves sourds sont actuellement scolarisés suivant ce type d’enseignement bilingue dans la seule ville de Toulouse ; de nombreux autres le sont à Poitiers, Lyon, Massy, Champ-sur-Marne, Angers…
– « Comment ouvrir une école pour quatre enfants de 3, 5, 10 et 12 ans ? » : La structure bilingue de Massy (91), qui ne comptait qu’un enfant inscrit à sa création en 2007, en compte aujourd’hui 16.
– « Seulement 5 % des parents s’expriment ainsi » (ce pourcentage correspond au nombre de parents sourds) :
Quoi de l’avis de ces parents sourds ? Ne sont-ils pas les mieux placés pour savoir ce dont ont besoin leurs enfants sourds ? Ne font-ils pas partie de ceux qui ont expérimenté les méthodes oralistes appliquées aux sourds durant leur scolarité ?
Quoi des enfants sourds, eux-mêmes, qui n’entendent pas le français oral, et ont besoin de leur langue des signes au quotidien pour se construire et évoluer ?
Quoi des professionnels bilingues qui interviennent auprès d’eux ?
Quoi des parents qui, en comprenant la nécessité pour leur enfant, ont choisi l’option bilingue ?
Quoi, enfin, de tous ceux qui s’intéressent à l’apprentissage des langues autres que le français ? (mais, bien sûr, la langue des signes est « à part »).
• Pourquoi n’êtes-vous pas favorable à l’école bilingue ? « Avant, les jeunes sourds étudiaient dans des instituts spécialisés. Mais ça ne fonctionne plus comme ça ! » : Curieuse réponse de la part de professionnels scolarisant des enfants sourds. Comment peuvent-ils ignorer le fait que dans ces instituts spécialisés l’éducation était strictement oraliste ?
• Des enfants sourds « qui resteront entre eux. » : les filières bilingues scolarisent les enfants sourds, soit dans des classes ordinaires, soit dans des classes intégrées dans un établissement d’accueil. Dans tous les cas il s’agit de projets d’établissements et les élèves sourds ne sont jamais isolés mais toujours en contact
avec les élèves entendants.
• Quel sera leur avenir ? » :
– Poitiers et Toulouse, qui fonctionnent depuis le début des années 80, ont largement fait leurs preuves. « Leurs » enfants, devenus grands, sont des citoyens actifs, et visibles.
– En revanche, est-il possible de savoir ce que sont devenus ces jeunes adultes sourds oralistes qui devraient aujourd’hui prendre le relais pour défendre un choix éducatif censé être si pertinent et performant pour tous ?
– Devant les résultats obtenus par les structures bilingues existantes, les mesures législatives ont suivi.
– La scolarisation bilingue s’est développée et continue de se développer, et le choix éducatif devient possible.
• Quels sont vos résultats ? « Aucun de nos enfants n’est illettré. »
– Chapeau bas ! alors que le pourcentage national est de 80% d’illettrés, le Finistère
ferait l’exception… Mais, peut-on approfondir un peu le sujet ?
Quel pourcentage d’enfants l’AFDA a-t-elle conduits, en 20 ans d’existence, au baccalauréat et aux études supérieures ?
Combien d’enfants ayant échoué à l’oral quittent le département pour rejoindre des filères d’apprentissage qu’ils n’ont pas choisies ?
Combien d’entre eux, devenus adultes, ne maîtrisent, ni le français oral, ni le français écrit, ni la langue des signes qui ne leur a jamais été enseignée ? (« illettrés », oui, mais ayant tôt quitté le département la responsabilité est ailleurs, sans doute dans ces instituts devenus « centres » spécialisés qu’ils ont dû rejoindre ?).
Quittons-nous sur une note humoristique, qui vous est destinée, à vous les partisans d’un univers exclusivement placé sous le signe de la sonorité. Toutes nos félicitations pour le choix, judicieux, de l’implantation de votre futur centre d’éducation à l’oral qui doit prendre en charge les enfants sourds dès leur naissance : non loin de l’aéroport, l’ambiance des vibrations aériennes favorisera-t-elle l’accoutumance des bébés sourds au monde sonore, et pourra-t-elle les conduire à voler de leurs propres ailes ?
adresses :
Collectif Des Sourds du Finistère
1 rue du Dauphiné
29200 Brest
Mail : cdsf29@orange.fr
Source : Collectif Des Sourds du Finistère
bonsoir
je suis moi mème maman d un enfant sourd il a 9 ans…
il est suivi au ceop dans paris 75015.
je suis ravie de voir se texte…..
vous avez tout dit….
les parents doivent ètre plus informé…..
bravo continuer a écrire se que vous penser…je ne pouvez dire mieux…
merci pour nous parents entendant….
face a ceci il faut se battre….
pestana irène paris