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Emmanuelle, éducatrice, enseigne aux sourds

8 h 45. Pantalon treillis et boucles blondes, Emmanuelle Le Campion accueille une classe de 6 e . L’effectif est réduit, mais le public est spécifique. Ces jeunes sont atteints de troubles du langage. À l’institut Jacques-Cartier, ils suivent, entre autres, une initiation en horticulture-maraîchage.

9 h 15. L’éducatrice technique spécialisée explique le programme de la matinée. Elle parle calmement, sourit très souvent. Elle sait mettre en confiance ces jeunes que le handicap peut rendre passif, inhibé ou agressif. Dans ce groupe, il y a Jean-Marc, sourd profond, inscrit en certificat d’aptitudes professionnelles agricoles (Capa). À 18 ans, le jeune homme ne capte aucun son. « On ne peut pas l’appeler quand il est de dos, dit Emmanuelle. Il faut s’adresser à lui, de face, en utilisant la langue des signes, son moyen de communication. »

9 h 20. Il bruine dehors. On se dirige vers les serres. Emmanuelle distribue les tâches. Donovan va bêcher, Mathieu doit planter des bulbes, Thomas installe un grillage pour les pois de senteurs, Kealsy compose un bouquet. Espacés, ces ateliers obligent Emmanuelle à passer de l’un à l’autre. Les élèves la sollicitent sans cesse. Elle sait s’adapter à chaque cas, connaît le potentiel et les limites de ses élèves. « J’essaie de les rendre autonomes », dit l’éducatrice qui veille aussi à leur apprendre le collectif.

10 h 20. La récré sonne. Dix minutes de pause. Emmanuelle se raconte en toute modestie. Elle dit sa passion pour l’enseignement adapté après un stage à Jacques-Cartier, alors qu’elle visait un BTS horticole. « En 1996, il n’y avait pas de poste, alors j’ai créé, avec mon mari, une exploitation bio à Plouha. »

Un jour, une vie. Avec Emmanuelle Le Campion, éducatrice technique spécialiséeen floriculture, les élèves sourds se sentent valorisés. Récit.
Un jour, une vie. Avec Emmanuelle Le Campion, éducatrice technique spécialiséeen floriculture, les élèves sourds se sentent valorisés. Récit.

En 2003, l’établissement la contacte pour intégrer l’équipe éducative et pédagogique. Elle accepte et suit en parallèle une formation d’éducatrice. Elle apprend la langue des signes française (LSF), le langage parlé complété (LPC) et entame des recherches sur la surdité. « L’oreille humaine est l’organe de l’équilibre. Elle sert à percevoir des volumes et des distances. L’enfant sourd s’éveille donc plus lentement, il a des difficultés avec l’abstraction, il ne peut pas imaginer la situation liée au mot. »

Pédagogue née, Emmanuelle a conçu des outils pour faciliter l’apprentissage du vocabulaire horticole. « Avec les jeunes, on a imaginé comment signer des mots comme plantoir, sécateur, barquette… »

11 h. Sous la serre, David et Yao, 18 ans, sourds profonds avec des handicaps associés, attendent les consignes. Avec eux, la communication est strictement visuelle et gestuelle. Mais les mains bougent très vite. Sourires et expressions sont expansifs. « Leur handicap est tel que décrocher un diplôme, un travail et s’intégrer sera difficile. » Ce devenir incertain ne peut laisser indifférent. C’est pour cette raison que Jacques-Cartier planche sur la création d’un établissement et service d’aide par le travail (Esat). « Spécialisé en agriculture biologique, il recruterait en priorité des travailleurs sourds et malvoyants », dit la pilote du projet.

14 h. Centre de formation de Pommerit-Jaudy. Emmanuelle a pris un autre costume. Celui d’interface de communication. Assise près de Yohann, 18 ans, elle traduit en langue des signes le cours d’histoire. Un lundi sur deux, Emmanuelle passe sa journée avec cet élève, sourd profond. Sans interprète, Yohann est coupé de tout. Du bruit, des mots, de la vie qui l’entoure. Grâce à Emmanuelle, il poursuit des études « normales », se plaît à l’internat, a des copains à qui il apprend quelques signes.

17 h 30 – 19 h. Emmanuelle achève sa journée par un cours de langue des signes. L’occasion pour elle d’élargir ses connaissances.

19 h 15. Quand elle rentre à Pléhédel, retrouver son mari maraîcher et ses trois enfants, sa journée est loin d’être terminée. « Ça bouge aussi pas mal à la maison, dit-elle. Mais l’attitude que j’ai avec mes enfants est très différente de mon approche éducative à Jacques-Cartier. Ici, je m’impose une rigueur professionnelle. »

Source : http://www.saint-brieuc.maville.com © 06 Décembre 2008 à Saint-Brieuc (France)

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