Ces élèves sourds n’étaient pas à l’école, hier matin, mais à l’inspection académique. Leurs parents demandent la création d’une classe spécifique.
Les cartables à leurs pieds, six jeunes sourds de 6 à 10 ans dessinent, à quelques pas du bureau de
l’inspectrice d’académie. Là où leurs parents étaient reçus hier midi. Ils souhaitent que l’Éducation nationale crée une classe où l’enseignement se ferait uniquement en langue des signes française (LSF). Elle serait intégrée à une école d’Angers ou des environs.
Pour l’instant, les enfants sont scolarisés à l’école privée Saint-Paul-les-Genêts, via le centre pour personnes déficientes auditives Charlotte-Blouin. « Leur scolarisation relève du ministère de la Santé. On considère nos enfants comme des malades. Ce n’est pas le cas », assurent Anita Chalopin et Nicolas Héraud (1). Ils veulent que l’Éducation nationale s’occupe d’eux.
Au fond, deux méthodes d’enseignement s’opposent. « Le centre Charlotte-Blouin a une philosophie orientée vers l’oral, avec notamment une lecture labiale et un français signé, plutôt que la véritable langue des signes. Nous voulons un enseignement directement en LSF et l’apprentissage du français écrit. »
Une maman sourde, comme tous les parents présents hier, précise : « Le passage par l’oral demande un effort colossal. Je ne veux pas que ma fille vive ça. Ce n’est pas sa langue naturelle. La langue des signes l’est. »
À l’école Saint-Paul-les-Genêts, où les enfants sont d’ailleurs retournés dès hier après-midi, ils suivent des cours avec des enseignants spécialisés et d’autres, comme le sport ou les maths, avec les autres élèves.
« À Saint-Paul, nous ne forçons pas les enfants à parler, répète Christelle Maréchal, la directrice du centre Charlotte-Blouin. L’essentiel de l’apprentissage est en langue des signes, même si par moments, on passe par l’oral pour les aider. » Notamment pour connaître le son des syllabes, quand ils apprennent à lire.
Du côté de l’Éducation nationale, la nouvelle inspectrice d’académie se penche sur cette demande depuis juillet.
« Nous travaillons à l’ouverture d’une classe spécifique, avec un enseignement en langue des signes pour janvier 2009 », précise Françoise Fourneret.
Reste des points importants à régler : il existe bien une enseignante de l’Éducation nationale qui parle cette langue, mais elle est actuellement mise à disposition dans un institut médico-éducatif du département. Il faudra aussi dénicher l’école, et « construire le projet avec la Maison départementale des personnes handicapées ».
Source : http://www.maville.com © 03 Septembre 2008 à Angers (France)