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Signé Ubu

Comment exécute-on «merdre» dans le langage des sourds? C’est ce que nous apprendra Ubu sourd la table, dernière aventure des inventifs chercheurs du Théâtre de la pire espèce.

Le comédien malentendant Laurent Valo partage la scène avec Olivier Ducas et Francis Monty dans Ubu sourd la table.
Le comédien malentendant Laurent Valo partage la scène avec Olivier Ducas et Francis Monty dans Ubu sourd la table.

Présenté en première nord-américaine dès mardi, ce spectacle qui s’est frotté au public européen est une variation «pour entendants et malentendants» d’Ubu sur la table, créé en 1998. Une appropriation libre du texte d’Alfred Jarry où le langage des sourds devient chorégraphique.

L’heure est à l’absurde sur les scènes montréalaises, et la pataphysique se porte comme un charme. Alors qu’au TNM, Marie Tifo et Rémy Girard se démènent comme des diables dans l’eau bénite en maman et papa Ubu, la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui accueille une tout autre version du texte de Jarry. Une appropriation libre de ce texte fondateur du mouvement surréaliste, où le langage des signes rencontre le théâtre d’objets.

«C’est une super belle coïncidence», se réjouit Olivier Ducas, qui partage la scène avec Francis Monty et le comédien malentendant Laurent Valo, en plus de cosigner l’adaptation et la mise en scène d’Ubu sourd la table.

Dans un café de l’immeuble Belgo, où la Pire Espèce a ses bureaux, le verbomoteur et archidynamique Ducas raconte la naissance de ce projet aussi atypique que casse-gueule. Il dit qu’après avoir donné quelque 500 représentations d’Ubu sur la table – qui s’est promené en France, au Mexique, en Belgique et en Espagne – Francis Monty et lui avaient le goût de traduire le spectacle. Leur collaboration avec Marionnettissimo, un partenaire français qui offre un service de traduction simultanée, leur a donné l’idée de créer un spectacle qui puiserait dans le langage des sourds.

«L’intégration des signes, par les jeux de mains, tombait en plein dans ce qu’on avait envie de faire. Avec Laurent Valo, un comédien parisien qui travaillait pour l’intégration des sourds à travers le théâtre, nous avons transformé la pièce.»

Amener les sourds au théâtre

Or, pour Monty et Ducas, il n’était pas question de créer un spectacle réservé à la communauté malentendante. L’idée était plutôt d’explorer les possibilités scénographiques du langage des signes. Par exemple, le signe utilisé pour dire « arbre « devient un arbre dans le décor. Ou celui pour dire «courir» symbolise la poussière derrière Bougrelas qui court…

«Dans le spectacle, Francis Monty et moi, qui sommes les manipulateurs, formons un duo comique. Moi, je suis le straightman qui veut faire un beau spectacle, tandis que Francis est celui qui improvise, fait des digressions. Avec Laurent s’installe une dynamique à trois. Ainsi, lui et moi devenons parfois solidaires contre Ubu, après quoi Francis et moi, les deux entendants, décidons que nous en avons marre de travailler avec un sourd qui ne comprend rien.»

Puisqu’il y a place à l’improvisation, Monty, Ducas et Valo ont le champ libre pour donner à la pièce leur touche personnelle. «Si Laurent ou Francis et moi partons dans une direction, l’autre ne peut pas traduire. Du coup, la moitié de la salle va rire et l’autre ne saura pas pourquoi.»

Programme double

Ubu sourd la table sera en bonne compagnie pour son passage à la salle Jean-Claude Germain, où la Pire Espèce est reçue en résidence. À compter du 10 mai, du jeudi au samedi, la compagnie le présentera en programme double, avec une reprise du non verbal M. Ratichon dans… la vie est un match.

«Pour ces soirées, le théâtre sera transformé en cabaret, avec des tables et un bar», indique Olivier Ducas.

Cela dit, comme la majorité des créations de la Pire Espèce, Ubu sourd la table n’est pas accessible qu’aux plus de 18 ans. «On l’a joué devant les enfants. Ça marchait aussi, mais à un autre niveau.»

Habituée du circuit des théâtres jeune public, la Pire Espèce planche sur la création d’un spectacle pour les enfants de la fin du primaire, inspiré de La chanson de Roland et qui verra le jour en 2008. La compagnie est également aux premières étapes de la création d’un projet intitulé Gestes impies et rites sacrés, prévu pour 2009. Pour cette création, la Pire Espèce compte approfondir le travail avec la lumière et l’interaction entre l’acteur et l’objet.

«On aime beaucoup l’écriture elliptique. C’est sans doute pour ça que notre travail plaît autant aux ados. Les éléments de nos spectacles sont rapides, saccadés. On laisse le spectateur libre de construire le sens.»

Source : http://www.cyberpresse.ca – 05/05/2007 à Canada

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