Le ministre de l’Education nationale Luc Ferry a choisi pour effectuer, mardi, sa « rentrée de terrain » un lycée moderne et sans problèmes apparents, puis un collège intégrant des enfants sourds avec succès depuis des années.
Le ministre s’est rendu au lycée Camille Saint-Saëns de Deuil-la-Barre, puis au collège Langevin-Wallon de Saint-Gratien, tous deux dans le Val d’Oise.
Grand vaisseau flambant neuf, dressé au milieu de petites villas, le lycée Camille Saint-Saëns scolarise plus de mille élèves avec des effectifs un peu serrés, mais sans réelles difficultés. Son proviseur, Catherine Laforêt-Taton, a fièrement annoncé au ministre ses réussites au bac dont 93 % l’an dernier en série littéraire, un record. Le lycée fait aussi honneur à son nom avec une option musique très fréquentée.
Le ministre a traversé les halls avec sa suite d’officiels et de journalistes, souri aux élèves, certains ébahis de « voir un ministre en vrai sorti des écrans télé » ou se demandant « à quoi, à qui ça sert, cette visite? ». Il a ensuite longuement parlé avec les enseignants, de leur métier et du débat national qui va s’engager.
« Je suis content de voir des enseignants qui ont l’air heureux de faire leur métier, mobilisés et motivés », a-t-il dit en partant. « Il faut faire attention à la tendance de ne voir que le mauvais côté des choses. La mobilisation est permanente dans l’Education nationale, mais tant qu’il n’y a pas de mot d’ordre de grève, c’est déjà bien », a-t-il ajouté, quelque peu démenti par cette prof de physique qui a tout calmement annoncé que « bien sûr, nous irons manifester mercredi prochain », évoquant l’appel intersyndical lancé lundi.
Architecture plus traditionnellement « scolaire » pour la seconde étape, le collège Langevin-Wallon se distingue en intégrant depuis 1977 des enfants sourds : quatorze cette année.
Ils ne sont pas scolarisés en Unités pédagogiques d’intégration (UPI), nouvelles structures spécifiques d’accueil d’handicapés datant de quelques années et que Luc Ferry a décidé de développer (277 créées en cette rentrée soit un doublement du total).
Les enfants sont soit totalement mélangés avec les autres, sauf pour le français et les langues, comme Mathilde et Dérek qui savent lire sur les lèvres et entendent un peu, juste assez pour avoir appris à parler, soit dans des classes spéciales pour les sourds plus profonds avec enseignement adapté, soutien renforcé, orthophonie quotidienne et langue des signes ayant droit de cité.
Le ministre a découvert que la langue des signes n’était pas officiellement reconnue dans l’éducation, assurant : « Je suis personnellement favorable à cette reconnaissance et même à étudier si elle pourrait être utilisée officiellement aux examens ».
Comme à Deuil, M. Ferry a parlé avec les enseignants du futur débat sur l’école et des questions à y aborder. Ce fut plus animé, plus détendu aussi. Les questions, les propositions ont fusé mais, le temps passait et le ministre a du partir. Souhaitant poursuivre la discussion, il a invité formellement la principale, Françoise Etchebeheïty et toute son équipe à venir déjeuner avec lui au ministère, « très bientôt ».
Source : www.afp.com – 02/09/2003 à Paris