Comment scolariser les enfants sourds ?
Comment élever un enfant sourd ?
Doit-on tout miser sur l’approche médicale rééducatrice ou accepter l’enfant tel qu’il est en appliquant la langue des signes, afin de le socialiser davantage ?
Une approche raisonnée de la question devrait théoriquement faire la part des choses en redonnant au médical sa juste place et à la pédagogie toute sa valeur. En fait, il semble que les familles confrontées au problème ne disposent pas de toutes les informations leur permettant de choisir.
Derrière ce choix se profilent des conceptions de vie différentes.
Chaque question en soulève une autre. Le collectif 2LPE (Deux langues pour une éducation) tient à Beaune, son université d’été nationale pour justement faire le point.
Quelques témoignages
Le collectif 2LPE tente de multiplier en France, les écoles et les classes bilingues. Il faut comprendre par là, l’utilisation de la langue des signes et du français.
A Poitiers, Toulouse et Châlons-sur-Marne, il existe des sites pilotes où l’enseignant est doublé d’un enseignant pratiquant la langue des signes et aidant le ou les élèves sourds de la classe. Les parents qui bénéficient de cette aide sont formels. Non seulement ça fonctionne, mais cela apporte beaucoup aux autres enfants.
Quelques témoignages recueillis hier, au cours des travaux à Beaune sont éloquents. Une enseignante entendante a ainsi expliqué que ce binôme avait obligé le reste de la classe à plus de concentration et moins de chahut, tout au long de l’année. Des parents dont les enfants avaient longuement suivi des cours de rééducation, voire des opérations ont également témoigné : avant l’apprentissage de la langue des signes, l’enfant n’avait pas acquis de personnalité propre et il se refermait.
Une famille habitant la région de Nuits-Saint-Georges explique : « C’est par le langage des signes que notre fils a fait des
progrès et appris.
Aujourd’hui, il parvient à oraliser. Nous-mêmes, avons appris ce langage et découvert que la communication passait en grande partie par notre corps ».
Une enseignante explique pour sa part que les enfants entendants ont découvert tout un univers en se familiarisant, dès la maternelle avec la langue des signes : « Parler avec les mains, c’est magique.
Chacun porte un autre nom. On ne s’appelle plus Pierre, Paul ou Jacques, mais on est désigné par une caractéristique de sa personnalité ».
Enfin, le maître mot revient à ce père de famille qui expliquait : « On veut faire de nos enfants des citoyens qui ne soient pas exclus de la société par leur handicap. L’école accepte davantage d’autres types de handicap. En France, la surdité semble poser un problème. Ainsi, ni en Côte-d’Or, ni en Bourgogne, il n’existe de classe pratiquant ces systèmes de binôme ».
Franck BASSOLEIL
Pour en savoir plus, tel et minitel : 03.80.61.34.93, Fax : 03.80.62.36.25. Ou à Poitiers, Tel et Minitel-fax : 05.49.46.89.33 et site Internet : http://2lpe.poli.bilingue.free.fr
Source : Le Bien Public – 26/08/2003 à Beaune