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Quand les sourds se font entendre

Province TV-Lux propose dès ce samedi une traduction gestuelle de son magazine L’Hebdo

TV-Lux sera désormais bilingue, une fois par semaine, le samedi : français – langue des sourds. Histoire de briser, pour l’info régionale aussi, le mur du silence.

Ras le bol ! Les sourds et malentendants de la province en ont ras le bol de devoir se contenter – comme toujours – des images de leur région, sans le son bien sûr, sans le moindre commentaire dans leur langue. Aussi, l’initiative que TV-Lux lance ce samedi leur met un peu de baume au coeur, les conforte dans l’idée qu’ils comptent dans ce monde où seule règne la rentabilité. Dès samedi 18 h, L’Hebdo – le digest de l’info de la semaine – sera traduit en langue des signes. Une première dans le monde des télévisions locales. Qui vient d’autant plus à point que la RTBF réduit ses émissions du genre.
L’idée est celle d’un homme, Christophe Thiry, rédacteur en chef adjoint de TV-Lux, qui l’a portée contre vents, marées et autres scepticismes durant de longs mois. Déjà, pour le JT quotidien, chaque fois qu’un sujet avait trait aux sourds et malentendants, nous prenions la peine de le faire traduire dans la langue des signes. Ce fut le cas pour l’inauguration de la Maison des sourds en 2000, la couverture de la Journée mondiale des sourds en 2001, etc. On peut cependant imaginer aisément les limites de cette démarche.

De là à proposer 30 minutes hebdomadaires traduites en langage gestuel par Annie De Vos, interprète, il y a un fameux pas à franchir… d’autant plus difficilement que la station, c’est un euphémisme, ne roule pas sur l’or. TV-Lux donc frappé à de multiples portes. La Province, la Région et un mécène ont d’ores et déjà marqué leur accord pour financer partiellement l’opération, estimée à 41.000 euros par an.
Objectifs : d’abord et surtout fournir à un public qui n’y a pas accès, une information de proximité télévisée. Ensuite, rompre l’isolement, offrir des possibilités d’ouverture et de participation plus active à la vie locale et provinciale. Enfin, nous souhaitons sensibiliser un auditoire beaucoup plus large à la problématique de la surdité, expliquent le directeur Luc Malcourant et le président Planchard.
Réaction des principaux intéressés : Un projet comme celui-là dans la province, c’est génial ! Le tout dit dans une langue que nous ne pouvons malheureusement reproduire ici. .

Vingt-six ans de silence

A 26 ans, Catherine Simon a tout d’une jeune dame de son âge : un job, un foyer, une famille. Seule différence, Catherine Simon est sourde. Depuis 26 ans.
Un handicap qui se double d’un autre. Celui d’être née dans une province où, jusqu’à il y a peu, rien, strictement rien n’était prévu pour lui faciliter la vie ! Déjà petite, explique-t-elle, j’enrageais, je voulais créer quelque chose. N’importe quoi, mais quelque chose ! Et puis, depuis quelques années, nous avons vu naître une maison des sourds – dont elle est la présidente – un service provincial spécialisé, une section luxembourgeoise de l’association de parents déficients auditifs…

Bien avant cela, Catherine a dû se battre pour suivre une scolarité en milieu classique. Intelligente, tenace, déterminée… elle a franchi les étapes avec succès. Cela avec l’aide d’enseignants qui ont bien voulu adapter leur méthode, apprendre l’ABC du langage, considérer la présence de Catherine comme un enrichissement. Catherine est aujourd’hui assistante sociale, engagée par la province au Service d’accompagnement aux handicapés en milieu ouvert où, bien entendu, elle s’attache plus particulièrement à encadrer les déficients auditifs. Avec le recul, je remercie mes parents et les enseignants de m’avoir permis de suivre cette scolarité classique. Pour pouvoir entamer des études supérieures, il me fallait un bon niveau en français, ce que je n’aurais peut-être pas eu si j’avais suivi un enseignement spécial.

Avec le recul aussi, Catherine fait un étonnant constat : Habiter Wellin, loin de Bruxelles, m’a permis d’échapper à un séjour dans une école pour sourds. Il m’a sans doute fallu plus de ténacité, mais le réseau classique m’a beaucoup apporté. .

É.B.Une expérience pour tous ENTRETIEN

JEAN-LUC BODEUX

Dans la vallée de l’Attert, enseigner de façon classique à un déficient auditif devient une habitude. Tout a débuté à Metzert, où un enfant a suivi les cycles maternel et primaire. Avec succès. L’école voisine d’Attert oeuvre elle aussi dans ce sens, depuis quatre ans. Gabrielle vient d’entamer le cycle primaire, entraînant quelques adaptations pour Jean-François Fonck, son instituteur.

Est-ce un défi commun ?

L’expérience est enrichissante pour tous. Lorsque les parents nous ont demandé d’inscrire leur fillette à l’école, ils avaient deux autres choix cruciaux. Soit déménager et se rapprocher d’une école spécialisée, soit envoyer leur fille de deux ans et demi en internat. Personne ne regrette le choix de l’enseignement classique. La progression de Gabrielle est étonnante. Elle n’en serait pas là via une école spéciale pour sourds : il y a échange permanent avec des enfants normaux . A ce rythme, elle n’aura aucun retard de scolarité.

Tout le monde a-t-il appris le langage des signes ?

Au départ, il y avait le langage des signes, donné par sa maman. Maintenant, c’est le LPC , qui permet de traduire syllabe par syllabe. Pour apprendre la lecture, c’est fondamental. Je peux représenter techniquement une syllabe, ce qui était impossible avec les signes. J’en connais la base, mais souvent, ses copains de classe m’aident. Il y a un échange stimulant pour tous. De plus, Gabrielle a un implant qui lui permet d’entendre de mieux en mieux.

Vous avez aussi une aide extérieure ?

Deux jours et demi par semaine, une aide pédagogique s’occupe spécialement de Gabrielle. S’y ajoute une logopède, 1 h/semaine. Cela forme un tout, pour le bien de l’enfant qui a, il est vrai, du dynamisme. Et c’est payant ! .
Annie De Vos, interprète, sera chaque samedi, en boucle sur TV-Lux, la passerelle entre le monde des entendants et celui des malentendants.

Coup de pouce provincial

Le député permanent André Perpète a apporté le quart du budget de l’émission, soit 10.000 euros. Ce n’est cependant pas la seule initiative provinciale en la matière : outre l’engagement d’une assistante sociale (Catherine Simon, voir ci-dessous), la province aide la maison des sourds, assure chaque week-end l’encadrement des enfants qui se rendent à l’école Bruxelles, forme son personnel concerné etc. (É.B.)

Une centaine de familles

La surdité touche un enfant sur 1.000 à la naissance. On estime aujourd’hui qu’une centaine de familles sont concernées dans la province. Elles peuvent trouver un fabuleux coup de pouce auprès de la section provinciale de l’Association de parents d’enfants déficients auditifs francophones . L’ASBL a notamment mis en place un réseau d’aides pédagogiques pour favoriser une scolarité tout à fait normale (cf. ci-dessous). La famille Van Zuilen assure notamment un rôle de parent-relais au 063-23.32.35. (É.B.)

Promotion sociale

Les cours de langage des signes sont accessibles un peu partout dans la province. Les Instituts d’enseignement de promotion sociale offrent cette possibilité en cours du soir à Athus, Bastogne, Marche et Vielsalm. (O.P.)

Des petits

L’initiative de TV-Lux est appelée à faire des petits. Le ministre Detienne, qui vient de mettre sur la table 6.2350 euros, souhaite en effet que le projet soit, à l’avenir, celui de l’ensemble des télévisions communautaires. TV-Lux est évidemment prête à jouer le jeu et à porter le projet. (É.B.)

Source : Le soir en ligne – 20/10/2002 à Bruxelles

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