L’école de LSF est implantée à Dijon depuis 1995. Tous les publics – et pas seulement les sourds – y sont conviés. Ambiance.
L’école de LSF est implantée à Dijon depuis 1995. Tous les publics – et pas seulement les sourds – y sont conviés. Ce n’est pas dérision du tout : l’école Visuel-Langue des signes a une publicité attractive qui vous propose carrément de venir « faire partie des privilégiés à pouvoir communiquer à travers une vitre sans obstacle ou dans une atmosphère bruyante sans être dérangé ! »
Yan Motschwiller ne trouve pas ça étonnant : « Ce devrait être une évidence pour tout le monde, entendant ou non : la langue des signes aide à se sentir plus à l’aise et à accroître la perception visuelle des autres et du monde ». Sourd de naissance, marié à une sourde, Yan Motschwiller a des enfants. qui ne sont pas sourds : il sait, mieux que tout autre, les avantages énormes que ses enfants « parfaitement bilingues » retirent de la LSF. Diplômé de Paris-VIII, la seule université française qui offre une formation diplômante à partir de la LSF (bac + 2), le jeune directeur de l’école dijonnaise Visuel Langue des signes a réussi en peu d’années à faire tomber nombre de barrières psychologiques entre sourds et entendants. Les stages intensifs proposés aux 200 élèves par lui-même et les trois professeurs de l’école s’adressent d’abord à nous qui subissons. le bruit !
La « pire des exclusions ».
Alors, cessons d’abord peut-être de considérer les sourds comme des handicapés : « Un sourd peut tout faire, souligne Yan, et moi par exemple, je fais de la plongée sous-marine ou du parachute, je ne vois pas en quoi je suis handicapé ». Oui, mais il y a la société et ses fichues barrières : « Il est en revanche insupportable, dit en langue des signes Yan Motschwiller tandis qu’Anne Lambert, la secrétaire « bilingue » nous traduit, oui insupportable de voir les administrations nous prendre pour des illettrés parce que nous ne parlons pas à haute voix ; ça, c’est la pire des exclusions ».
D’où l’école de la rue Charles-Dumont, l’une des dix en France gérées par l’association dont Yan est le président national, qui propose ses stages. à tout le monde, aux entendants d’abord, aux parents d’enfants sourds bien sûr aussi, au corps médical qui est confronté à la surdité, aux futurs interprètes, aux éducateurs toutes catégories, voire aux personnes qui sentent leur audition s’éteindre. « La LSF, dit Yan, est aussi et d’abord une excellente thérapie psychologique car elle apprend à se regarder soi-même ».
Cours du soir et stages intensifs
Outre les cours du soir qui ont lieu toute l’année de septembre à juin, les stages intensifs des vacances scolaires proposent des cycles pédagogiques au nombre de trois avec des modules d’enseignement en deux parties (de 30 heures). Yan et ses collègues formateurs – Karine Marin et Delphine Petitjean – savent d’expérience tout le bénéfice que leurs étudiants retirent de la « culture LSF ». Les stages intensifs de juillet prochain n’attendent que notre inscription pour entrer dans un monde plus vaste et plus ouvert. Plus fraternel, peut-être, aussi. Parce que la surdité, à l’origine d’une langue nouvelle et conviviale, est aussi fort mal comprise des personnes qui entendent. Comme dit Yan Motschwiller, « il n’y a aucun rapport entre un mot et la vue, d’où la grande difficulté de parvenir à une connaissance littéraire approfondie ». Raison de plus pour apprendre ça. via la LSF !
Cours du soir ou stages intensifs
Visuel langue des signes est, à Dijon, installée 49 A, rue Charles-Dumont et ouverte toute l’année, de septembre à juin, le mois de juillet étant consacré aux stages intensifs.
Cours du soir : l’enseignement est divisé en cinq cycles de 60 heures chacun avec cours de deux heures une fois par semaine (de 17 à 19 heures ou de 19 à 21 heures). Tarifs sans prise en charge formation continue ou autre organisme : 311 euros (individuels), 274 € (étudiants) ou 216 € (parents d’enfants sourds).
Renseignements : Visuel Langue des Signes, 49 A rue Charles-Dumont, 21000 Dijon, 03 80 67 19 76, mail : visuel.lsf21@wanadoo.fr.
Source : Le Bien Public – 24/04/2003