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Giovanni Callimootoo, sourd-muet: Inicia Ltée l’aide à sortir de sa bulle

L’impossibilité de Giovanni Callimootoo, sourd-muet de 24 ans, à communiquer l’a longtemps enfermé dans une bulle. Il s’est donc tourné vers la photographie et l’informatique, qui ne nécessitent pas forcément l’expression orale. Mais grâce à l’emploi offert par Inicia Ltée et à l’encadrement de son supérieur et de ses collègues, il a pu crever sa bulle, assumer des responsabilités additionnelles et se faire apprécier de tous.

Giovanni Callimootoo, aîné de deux enfants, est sourd-muet depuis la naissance. Il lit sur les lèvres, s’exprime un peu en langue des signes et ne se départit jamais d’un cahier à simples lignes et d’un stylo qu’il utilise pour communiquer avec son entourage professionnel comme personnel. Sa mère, Ella, travaille à son compte, important des vêtements et autres accessoires en petites quantités de l’Inde pour les revendre par la suite, alors que son père est ancien laborantin chez Inicia Ltée, reconverti en responsable de sécurité.

C’est au collège Royal Academy que ce jeune entame ses études secondaires avec beaucoup de peine, car la communication passe mal entre les enseignants et lui. Sa mère lui fait alors fréquenter l’Association des parents de déficients auditifs (APDA), où il reste près de dix ans.

Son «mamou» Bouck Vythilingum Pillay, ancien photographe de presse, travaillant en free-lance aujourd’hui, lui enseigne les rudiments de la photographie, qui devient, pour Giovanni Callimootoo «une façon de ressentir, de toucher et d’aimer les choses, de les capturer pour l’éternité». Il se passionne pour cet art, mais son incapacité à pouvoir communiquer l’empêche d’obtenir un emploi dans ce domaine. Il s’oriente vers l’informatique et suit un cours de technicien jusqu’au niveau de CompTIA A+ à Datamatics. Au moins avec la technologie informatique, il n’a pas besoin de tenir une conversation orale. Sauf que les débouchés sont rares pour lui, même dans ce domaine, son handicap n’y étant pas étranger. Entre mai 2015 et janvier 2016, il suit un autre cours en informatique chez Harel Mallac.

Giovanni Callimootoo obtient un emploi dans une entreprise commerciale spécialisée en accessoires informatiques, mais il n’y fait pas long feu, car il n’y est pas bien traité. Pendant un temps, il fait du volontariat auprès de la Global Rainbow Foundation d’Armoogum Parsuramen. Jusqu’au jour où il apprend de son père qu’Inicia Ltée cherche un employé pour sa ferme de Malherbes. Emmanuel Wiehe, le Chief Executive Officer, et Krishna Chengan, le manager de la ferme, décident de lui donner sa chance.

Ce n’est pas la première fois qu’Inicia Ltée recrute une personne porteuse de handicap. Avant même l’obligation légale, cette entreprise employait un handicapé physique pour s’occuper du jardin. Giovanni Callimootoo est recruté comme Farm attendant. Son adaptation est difficile, car là encore, il peine à communiquer avec ses collègues. Son supérieur direct, Krishna Chengan, demande à ses parents de lui acheter un appareil auditif. Ces derniers obtempèrent et Giovanni Callimootoo entend un peu. Mais lorsqu’il a le dos tourné, impossible d’attirer son attention. «Ses collègues, qui sont taquins, le poussaient ou lui balançaient de petits objets. An badinaz mé li li pa ti tro kontan sa. La poussière et l’odeur de l’élevage lui posaient problème, mais il a fini par s’y habituer», raconte Krishna Chengan, qui est aidé dans sa tâche de facilitation de l’insertion professionnelle du jeune sourd-muet par Eric Belle Etoile, son assistant.

Au début, Giovanni Callimootoo pense qu’il ne sera affecté qu’à la réparation des ordinateurs, mais c’est mal connaître son supérieur, qui est bien décidé à le dégourdir. «Je ne voulais pas qu’il se cantonne à des entrées statistiques, des fiches Excel et Word. Nou ti anvi rann li busy parski li rantré 6 er 45 ek alé 15 er. Nou ti lé li vinn prodiktif. So papa ek so mama ti tro met li dan bwat koton. Li pa ti konn fer kalkil. Li pa ti abitié ar kalkilatris. Nounn devlop sa koté-la kot li. Inn bizin fleksib ar li», raconte Krishna Chengan.

Il l’encourage à prêter main-forte dans l’écloserie, les casiers d’incubation, dans les processus de la ferme et à s’habituer à toutes les procédures de biosécurité pour ne pas contaminer les animaux. Le fait d’être resté dans sa bulle pendant autant de temps l’avait aussi rendu insociable. «Il pouvait arriver à la ferme et voir trois personnes en train de bavarder dans la cantine et ne donner la main qu’à une seule d’entre elles. Nous lui avons appris comment socialiser», explique Krishna Chengan.

Ce dernier concède avoir aussi mis de l’eau dans son vin. «J’ai dû m’adapter à lui. Isi lor la ferm, nou koz enn langaz fléri parfwa. Giovanni pa abitié ar sa kalité kozé-la. Avec lui, il a fallu changer d’approche. Inn bizin koz ar li enn fason pli sivilisé.» Cet encadrement a porté ses fruits. «Autant son output l’an dernier était de 75 %, autant cette année, c’est de 100 %. Je suis entièrement satisfait de lui», ajoute le manager de la ferme, qui a confirmé Giovanni Callimootoo après sa première année de stage. Et conscient de l’intérêt que ce jeune porte à la photographie, Krishna Chengan lui fait prendre des photos lors des événements d’Inicia Ltée. «J’aurais voulu qu’il puisse faire de la photographie à mi-temps, mais ce serait trop exigeant pour lui.»

Giovanni Callimootoo, dont le cœur battait depuis l’APDA pour Diya, une jeune sourde, qui partage ses sentiments, a mis cinq mois pour préparer leur mariage. La cérémonie a eu lieu en juin et il a invité tous ses collègues. Le couple vit à Rose-Hill dans la famille élargie de Giovanni Callimootoo. S’il voudrait bien avoir des enfants, Diya et lui ne sont pas pressés. «Aujourd’hui, je mène une vie normale. Je travaille et lorsque je rentre, je m’occupe de ma femme», écrit-il sur son cahier. Il était peiné que Diya ne puisse trouver un travail en raison de son handicap. Ella, sa mère, a trouvé la solution. Elle a embrigadé sa belle-fille, qui l’aide dans son petit business d’importation de textiles et d’accessoires indiens.

Au niveau professionnel, Giovanni Callimootoo veut continuer à apprendre et à passer à l’étape supérieure, même s’il ignore ce qu’il pourrait faire d’autre. Ses collègues l’apprécient énormément. Soobash Tory, l’opérateur de l’écloserie, est impressionné par ses progrès. «Giovanni travaille six jours sur sept. Lui qui n’était pas habitué aux travaux manuels se débrouille comme un chef. Il a totalement compris le travail. Je lui délègue des tâches et lorsque je viens pour vérifier, tout a été bien exécuté. On peut compter sur lui malgré son handicap. An fet, pou nou, Giovanni inn vinn normal…»

Source https://www.lexpress.mu - 4 Septembre 2017
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