Elle avait ému la France entière en recevant en 1993, le Molière de la révélation théâtrale. Un formidable coup de projecteur sur la cause des sourds en France. Vingt ans après, rien n’a changé.
Emmanuelle Laborit se bat toujours pour se faire entendre. Avec force, colère, détermination… et lassitude. « J’en ai marre de répéter la même chose. J’en ai marre de faire le perroquet. Maintenant, il faut que l’on avance! »
Défendre la charte
de l’enfance sourde
L’actrice devenue directrice de l’International Visual Théâtre aimerait plutôt consacrer son temps à son métier d’artiste. Pourtant, elle a répondu favorablement à l’invitation d’Estelle Arnoux de l’association des sourds de Poitiers pour la présentation de la Charte de l’enfance sourde. Une charte qui défend la scolarisation des élèves sourds en LSF (Langue des signes françaises).
« Vous savez que seulement 5% des enfants sourds scolarisés ont la LSF comme langue d’enseignement? Nous ne pouvons plus l’accepter. La langue des signes fait partie de la langue française » s’insurge Emmanuelle Laborit qui au passage fustige nos politiques (seule la députée Véronique Massonneau était présente hier soir au Carré Bleu). « En France, on a inventé une nouvelle maladie! Mais la surdité n’est pas une maladie! Ils pensent que nous devons parler! ».
Il manque des profs
Hatice Aksen de l’association 2LPE (Deux langues pour une éducation) réclame l’égalité et plus de moyens pour développer ce bilinguisme. « Nous avons droit aux mêmes savoirs ». Elle estime qu’il faut aujourd’hui en France entre 300 et 500 enseignants bilingues. « Aujourd’hui, ils ne sont que six sur tout le pays » se désole Emmanuelle Laborit.
- Source : http://www.centre-presse.fr © 17 Mai 2013 à Poitiers