Danse Les Ateliers Desmaé sont les seuls à disposer d’un sol vibrant pour les malentendants
Sous le regard attentif de Kilina Crémona, cinq danseurs enchaînent les jetés, traversant le studio de part et d’autre. Nous sommes aux Ateliers Desmaé de Villeurbanne, le seul studio au monde qui dispose d’un plancher vibrant permettant aux personnes sourdes ou malentendantes d’apprendre le rythme. Un système, inventé il y a cinq ans, que le public pourra découvrir ce jeudi dès 17 h 30 lors d’un après-midi portes ouvertes, à l’occasion de la Journée mondiale de l’audition.
Maxime, 26 ans, qui danse depuis son plus jeune âge, n’a, lui, pas de problème d’audition. A l’inverse de Thumette, 22 ans, qui prend des cours à Villeurbanne depuis l’automne. «C’est tout nouveau pour moi, raconte la jeune fille. Jusque-là, pour danser, j’étais obligée de mettre mes appareils ou de tout regarder.»
« Sensations étranges »
«Au début, ça chatouille, on a des sensations étranges car c’est une autre façon de percevoir le rythme, poursuit Maxime. Mais c’est assez amusant. En tout cas, le fait de travailler avec des sourds a changé ma façon de danser. Cela demande une écoute différente qui ne passe pas par les oreilles, mais par le regard ou le rythme intérieur.» Kilina Crémona, qui enseigne la danse depuis l’âge de 21 ans est l’une des conceptrices de ce plancher. Sa vie a basculé en 2000, date à laquelle elle dirigeait l’Opéra national de Split (Croatie). Soudain, lors d’une répétition, elle n’entend plus la musique. Le diagnostic est sans appel : elle est devenue sourde. «A ce moment-là, je n’ai pas eu peur de ne plus danser, explique-t-elle. Au contraire, je me suis dit qu’il fallait que je continue. Je n’avais pas le choix.» Après s’être installée à Lyon, elle fonde les Ateliers Desmaé et met au point ce plancher. «Une fois par mois, j’ai un cours uniquement avec des personnes sourdes. Je leur apprends à reconnaître les bruits de trompette ou de saxophone, précise la chorégraphe. Moi, je connais ces sons car je les ai déjà entendus. Mais pour eux, ce n’est pas évident.»
Source : http://www.20minutes.fr © 14 Mars 2013 à Lyon