Une première au musée d’histoire naturelle de Lille : le public sourd et malentendant a pu découvrir dimanche l’exposition « Prédateurs » en langue des signes avec une guide sourd, grâce à l’association Signes de sens.
Suivez la guide et surtout ne la quittez pas des yeux. Car Émilie ne parle pas avec la bouche mais avec les mains.
Dimanche après-midi, elle a mené la première visite en langue des signes au musée d’histoire naturelle de Lille.
Devant chaque stand ou vitrine, Émilie communique les informations aux quelque 70 adultes et enfants venus suivre la visite.
Aurélie, de l’association organisatrice Signes de sens, se réjouit de cette affluence. « C’est tellement rare de voir autant de personnes sourdes dans un musée ! » En partenariat avec Trèfle, cette association milite pour l’accès à la culture et au savoir du public sourd.
Une offre réduite
Perchée sur un tabouret pour être vue de tout le monde, Émilie interroge les enfants, mime si besoin. « C’est très interactif, commente Aurélie. Toutes les informations qui arrivent sont d’ordre visuel, il faut savoir garder l’attention. » De telles initiatives sont encore peu répandues en France, tout comme les formations d’interprète en langue des signes. Parfaitement entendant, Casas étudie dans l’une d’elles. Il est venu avec ses parents sourds à la visite et traduit les paroles de sa mère : « Avec un guide, c’est quand même plus sympa, sinon il y a trop de choses à lire. Et puis cela permet de poser des questions. » Elle-même organise des visites guidées dans les musées d’histoire de l’art.
Un peu plus loin, d’autres enfants aident leurs parents sourds. Thomas, 14 ans, et ses deux soeurs de 8 ans, échangent avec leurs parents sur l’exposition.
Comme à la maison, tout se passe en langue des signes, qu’ils ont appris dès leur plus jeune âge.
L’accès à la culture
Les enfants sourds venus au musée « signent » couramment ou sont aidés par leurs parents. Pour Pierre-Louis, 8 ans, « c’est fabuleux » , raconte sa maman. « Les signes, c’est sa communication. » Dès qu’ils le peuvent, ces parents entendants emmènent leur fils sourd à des activités culturelles adaptées, trop rares à leur goût. « Dès que nous trouvons quelque chose, nous y allons : messe, spectacle, n’importe quelle activité accessible aux familles mixtes. » Elle-même ne parle que très peu la langue des signes.
Au prochain rendez-vous programmé par Signes de sens, elle y sera en tout cas. Grâce à son adhésion à un réseau de sourds et malentendants, elle est informée des actions de l’association. Signes de sens organisera la visite guidée de l’exposition « Hypnos » au musée de l’Hospice Comtesse le 3 avril.
Source : http://www.nordeclair.fr © 23 Février 2009 à Lille