Plus d’un millier de sourds ont défilé samedi dans les rues de Paris pour rendre hommage à l’abbé de l’Epée, fondateur au XVIIIe siède de la première école pour sourds.
Pas de haut-parieurs et pas de slogans repris par ia fouie. La manifestation qui a regroupé samedi à 13 heures des sourds venus de toute la France sur ia place de la Bastille était pourtant composée de bavards, mais qui ne s’exprimaient que par signes. En tête de cortège, sept adolescents, vêtus de pantalons révolutionnaires, dansaient à l’unisson, sous la direction de deux organisateurs de ia manifestation.
Dans ia foule, de très nombreux jeunes, qui se tapent sur l’épaule pour se faire remarquer par les amis. Des éducateurs, et des enfants de sourds, qui tout à la fois entendent et maîtrisent le langage des signes, pouvant ainsi servir de traducteurs entre les sourds et les « entendants ».
4 millions en France
Bruno Moncelle et Victor Abbou, malentendants tous tes deux, sont des acteurs. Ils ont tout pris en main pour organiser cette grande fête. Pas un seul « entendant » n’est venu les aider dans leurs démarches. Les sourds encadrent eux-mêmes la manifestation, essayant tant bien que mat d’expii-quer aux automobilistes, qui klaxonnent en pure perte, ce qui se passe.
Point dt. départ à la Bastille, haut lieu du Bicentenaire. Ensuite l’Hôtel de Vilie avant un passage prés de l’Opéra, où l’abbé de l’Epée ouvrit la première école pour sourds-muets en 1760. Etape à l’église Saint-Roche et arrivée à l’école Saint-Jacoues, première fondation d’écoie de sourds au monde, puisqu’elle a été créée au XVIII», le tout se terminant par un pot dans la cour de l’école.
Rus qu’une manifestation, il s’agit d’une grande fête. Les banderoles sont commémoratives. Une seule inscription plus inquiète : « Quel avenir pour nous ? ». Les passants regardent, médusés : « C’est quand même vachement silencieux », « C’est discret comme manif ».
Les sourds défilent en silence sous leurs banderoles régionales : Lyon, Angers, Cherbourg, La Rochelle, Drôme-Ardèche…
En 1986, les malentendants qui sont quatre millions en France, étaient déjà descendus dans la rue pair que l’on reconnaisse leur existence, lis se sont retrouvés entre eux aujourd’hui pour l’une des dernières manifestations du Bicentenaire.